la saveur de la vie


La Saveur de la Vie par Guy Corneau

Il est fort intéressant de se questionner sur le sens de ce qui nous arrive. Lorsqu'un organe est malade par exemple, il témoigne de l'intelligence de la vie en nous, de sa perfection même. Les symptômes et les malaises ont pour mandat de nous signifier que quelque chose ne va pas dans les attitudes que nous adoptons par rapport à nous-mêmes. Ils viennent en somme témoigner d'une désunion d'avec soi, les autres et la vie en général. L'important est donc de se mettre à l'écoute de la crise. Or bien des gens craignent de se mettre à l'écoute par peur de ce qu'ils vont trouver. Ils redoutent les culpabilités qui pourraient naître en eux en découvrant qu'il y a de nombreux rendez-vous manqués avec la créativité dans leur existence. Ils ne sont pas arrivés à déployer leurs goûts et leurs dons, se privant d'une source importante de joie.

 

Il y a une autre raison pour laquelle la recherche de sens dérange. C'est qu'elle nous oblige à opérer une bascule : passer de la victime abusée par le destin à la personne qui a créé inconsciemment ce qui lui arrive.

La période de maladie peut ainsi en devenir une de recherche du sens enfoui dans le corps et de découverte des ressources inconnues dont nous disposons, en nous et autour de nous. Pour de nombreuses personnes, cet effort semble incommensurable. Mais peut-on arriver à quelque chose sans efforts et sans discipline ? Encore l'autre jour, je lisais un maître tibétain affirmant qu'il fallait œuvrer avec acharnement de vie en vie pour atteindre la libération.

 

Si cette quête de sens vous répugne, je peux vous donner un truc qui vous permettra de vous y prendre autrement. Le voici : ne vous préoccupez pas du tout du passé. Plongez dans l'instant présent.

Quotidiennement, choisissez un état que vous ferez vibrer en vous et à partir duquel vous vous déploierez, la sérénité, la joie effervescente ou le calme intérieur par exemple. Vivez dans la conscience que vous êtes un être de lumière, un autre corps lumineux qui émane ses rayons comme le soleil. Ne vous préoccupez que de cela. Les résultats risquent de vous étonner. D'une part vous constaterez que l'état choisi vous soutient réellement. D'autres part, vous risquez de réaliser jusqu'à quel point vous êtes loin du compte.

Ayant choisi le calme, vous vous verrez élever le ton. Ayant décidé pour la légèreté, vous retrouverez un cœur alourdi à la moindre contrariété. Voulant être lumière, un voile sombre s'abattra sur vous.

Ne reculez pas, vous voici dans une réelle voie thérapeutique et spirituelle.

 

Bien entendu ces petits échecs vous mettent sur la piste des blessures que vous portez en vous et que vous pensez guéries. Comme je le disais, vous n'avez pas à vous en occuper. À l'évidence, elles s'occupent de vous ! Il sera bon alors de vous rappeler les paroles du maître indien Muktananda : « Une once de pratique vaut plus qu'une tonne de théorie. » En réalité, il ne sert à rien d'obséder sur la question du sens puisqu'à peu de choses près, il est toujours le même. Je m'explique. Il y a plus de deux ans que je suis sur la route à donner des conférences autour de mon dernier livre Revivre ! Pendant ces deux années, j'ai rencontré de nombreuses personnes qui avaient surmonté l'épreuve du cancer. L'essentiel de leur message se résumerait ainsi : « Moi avant la maladie et moi après, ce n'est pas la même personne. » Si vous leur demandez ce qui a changé, elles vous diront : « La saveur ! La vie a plus de saveur. J'ai le même partenaire et les mêmes enfants, j'ai toujours le même emploi, mais je goûte plus à tout. Je déguste la vie. » Les gens vous disent cela, peu importe leur degré de travail sur eux-mêmes ou sur le sens de leur maladie. Ils ont renoué avec le goût de vivre, un médicament puissant. Leur message à ceux qui sont en santé est : « N'attendez pas d'être malade pour revivre. N'attendez pas d'être malade pour vivre ! »

 

Alors, soyez lumière, soyez joie. Tenez-vous y. La lumière est la première manifestation de l'énergie en mouvement et nous sommes de l'énergie en mouvement. En fait, comme le dit si bien Hubert Reeves, nous sommes des poussières d'étoiles.